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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/176

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APPARITIONS

& dans un appareil plutôt lugubre que réjouiſſant, plutôt triſte & morne que majeſtueux & brillant. Si l’on y rend ſes adorations au Prince des ténebres, il s’y montre dans une poſture honteuſe, & ſous une figure baſſe, mépriſable & hideuſe : ſi l’on y mange, les mets du feſtin ſont ſales, inſipides, & dénués de ſolidité & de ſubſtance ; ils ne raſſaſient point, & ne flattent point le goût : ſi l’on y danſe, on le fait ſans ordre, ſans art, ſans bien-ſéance.

Vouloir donner une deſcription du Sabbat, c’eſt vouloir décrire ce qui n’éxiſte point, & n’a jamais ſubſiſté que dans l’imagination creuſe & ſéduite des Sorciers & Sorcieres : les peintures qu’on nous en fait, ſont d’après les rêveries de ceux & de celles qui s’imaginent d’être tranſportés à travers les airs au Sabbat en corps & en ame.

On y eſt porté, dit-on, monté ſur un balai, quelquefois ſur les nuées ou ſur un bouc. Ni le lieu, ni le tems, ni le jour auquel on s’aſſemble ne ſont point déterminés. C’eſt tantôt dans une forêt écartée, tantôt dans un déſert, ordinairement la nuit du Mercredi au Jeudi, ou la nuit du Jeudi au Vendredi. Le plus ſolennel de tous eſt celui de la veillé de