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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/189

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DES ESPRITS.

y étoit ſervi étoit fort inſipide, il demanda du ſel : on fut aſſez longtems ſans en apporter ; enfin voyant une ſaliere, il dit : Dieu ſoit béni, voilà enfin du ſel. Au même moment il oüit un très-grand bruit : toute l’aſſemblée diſparut ; il ſe trouva ſeul & nud dans un champ entre des montagnes : il s’avança, & trouva des Bergers ; il apprit qu’il étoit à plus de trente-trois lieuës de ſa demeure. Il y revint comme il put, & ayant racontê la choſe aux Inquiſiteurs, ils firent arrêter ſa femme & pluſieurs autres complices, qui furent châtiées comme elles le méritoient.

Le même Auteur raconte qu’une femme revenant du Sabbat portée dans les airs par le malin Eſprit, ouit le matin la cloche pour l’Angélus. Auſſi-tôt le Diable la quitta, & elle tomba dans une haye d’épines ſur le bord d’une riviere : elle étoit nue, & avoit ſes cheveux épars ſur le ſein & ſur les épaules. Elle apperçut un jeune garçon, qui à force de prieres vint la prendre, & la conduiſit au village prochain où étoit la maiſon de cette femme ; elle ſe fit beaucoup preſſer pour déclarer à ce jeune garçon la vérité de ce qui lui étoit arrivé : elle lui fit des préſens, & le pria de n’en rien dire ;