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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/216

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APPARITIONS

tourner au monde, afin d’y faire pénitence pour les Ames qu’elle avoit vûes en Purgatoire. Elle choiſit ce dernier parti, & fut ramenée dans ſon corps par les Saints Anges. Depuis ce tems elle ne pouvoit ſouffrir l’odeur des corps humains, & s’élevoit ſur les arbres & ſur les plus hautes tours avec une incroyable légereté pour y vacquer à l’Oraiſon. Elle étoit ſi légere à la courſe, qu’elle ſurpaſſoit les chiens les plus vîtes. Ses parens firent inutilement ce qu’ils purent pour l’arrêter, juſqu’à la charger de chaînes ; mais elle s’échapa toujours. On raconte de cette Sainte tant d’autres choſes preſque incroyables, que je n’oſe les rapporter ici.

M. Nicole dans ſes Lettres parle d’une Religieuſe nommée Séraphine, qui dans ſes extaſes s’élevoit de terre avec tant d’impétuoſité, que cinq ou ſix de ſes Sœurs avoient peine à la retenir.

Ce Docteur raiſonnant ſur ce fait[1], dit qu’il ne prouve rien du tout pour la Sœur Séraphine ; mais que la choſe bien vérifiée prouve Dieu & le Diable, c’eſt-à-dire toute la Religion ; que le fait bien vérifié eſt d’une très-grande conſéquence

  1. Nicole, T. I. Lettres, p. 203. 205. Lettre XLV.