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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/357

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DES ESPRITS

avec deux Gentils-hommes de ſes amis, bien réſolus de pourſuivre l’Eſprit, & de tirer deſſus avec deux bons piſtolets. Peu de jours après on ouit un grand bruit au-deſſus de la chambre où couchoit le Préſident Seigneur du Château : ſes deux amis y monterent, tenant d’une main le piſtolet, & de l’autre une chandelle ; il ſe préſenta une eſpece de fantôme noir, avec des cornes & une longue queuë, qui commença à gambader devant eux.

L’un d’eux lui tira un coup de piſtolet ; le Spectre au lieu de tomber, ſe retourne & ſe friſe devant lui : le Gentil-homme veut le ſaiſir ; mais l’Eſprit ſe ſauve par un petit eſcalier : le Gentilhomme le ſuit ; mais le perd de vûe, & après divers tours le Spectre ſe jetta dans une grange & diſparut, au moment que celui qui le pourſuivoit comptoit de le prendre & de l’arrêter. On apporte de la lumiere, & l’on remarque que là où le Spectre avoit diſparu, il y avoit une trape qu’on fermoit au verrouil après qu’on y étoit entré : on força la porte de la trape, & on trouva le prétendu Eſprit. Il avoua toutes ſes ſoupleſſes, & que ce qui le rendoit à l’épreuve du piſtolet, étoit une peau de buffle ajuſtée à ſon corps.