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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/400

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APPARITIONS

les murailles & les lambris : il tranſportoit les plats & la vaiſſelle d’un lieu à un autre, ſans qu’on vît la main qui faiſoit ces mouvemens. Ce Génie allumoit une chandelle quoiqu’éloignée du feu ; quelquefois lorſqu’on avoit ſervi de la viande ſur la table, il y répandoit du ſon, ou de la cendre, ou de la ſuye, pour empêcher qu’on y touchât. Amica femme du Prévôt Nicolas ayant préparé du fil pour faire de la toile, l’Eſprit l’entortilla & l’embarraſſa de telle ſorte autour d’un banc, que tous ceux qui le virent ne pouvoient aſſez admirer la façon dont tout cela s’étoit fait.

On appella des Prêtres qui jetterent de l’eau bénite par-tout, & ordonnerent à tous les aſſiſtans de faire ſur eux le ſigne de la croix. Vers la premiere & la ſeconde nuit, on ouit comme la voix d’une jeune fille qui tirant des ſoupirs du fond du cœur, diſoit d’une voix lamentable & entrecoupée, qu’il étoit Garnier ; & s’adreſſant au Prévôt : hélas, d’où viens-je ? de quel pays lointain, par combien de tempêtes, de dangers, de neiges, de froid, de feu, de mauvais tems, ſuis-je arrivé en cet endroit ? je n’ai point reçû le pouvoir de faire mal à perſonne ; mais muniſſez-vous du ſigne de la Croix con-