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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/425

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DES ESPRITS

qu’on offroit ſur leurs tombeaux, ſurtout du miel & du vin ; que les Démons aimoient la fumée & les odeurs des Sacrifices, la mélodie, le ſang des victimes, le commerce des femmes ; qu’ils étoient attachés pour un tems à certains lieux ou à certains édifices qu’ils infeſtoient, & où ils apparoiſſoient ; que les ames ſéparées de leur corps terreſtre retenoient après leur mort un corps ſubtil, délié, aërien, qui conſervoit la figure de celui qu’elles avoient animé ; que ces corps étoient lumineux & ſemblables aux aſtres ; qu’elles conſervoient de l’inclination pour les choſes, & pour les perſonnes qu’elles avoient aimées pendant leur vie ; qu’elles pourſuivoient celles qui leur avoient fait outrage, & qu’elles haïſſoient. Ainſi Virgile décrit Didon en fureur, qui menace de pourſuivre le perfide Enée[1] :

— — — Sequar atris ignibus abſens ;
Et cùm frigida mors animæ ſubduxerit artus,
Omnibus umbra locis adero : dabis, improbe, pœnas.

Quand l’ame de Patrocle apparut à

  1. Virgil. Æneid. lib. iv.