mort, ne faiſant pas attention que ces bonnes œuvres ne peuvent être utiles qu’à ceux qui ſont morts en état de grace, quoiqu’encore ſouillés par quelque faute vénielle, puiſque l’Ecriture nous apprend[1] que rien de ſouillé n’entrera dans le Royaume des Cieux.
On croit que les réprouvés peuvent quelquefois revenir par la permiſſion de Dieu, comme on a vû des perſonnes mortes dans l’Idolâtrie, & par conſéquent dans le crime, & exclues du Royaume de Dieu, retourner en vie, ſe convertir & recevoir le Baptême. S. Martin n’étoit encore que ſimple Abbé de ſon Monaſtere de Ligugé[2], lorſqu’en ſon abſence un Cathécumene qui s’étoit mis ſous ſa diſcipline pour être inſtruit des vérités de la Religion Chrétienne, vint à mourir ſans avoir reçû le Baptême. Il y avoit trois jours qu’il étoit décédé, lorſque le Saint arriva ; il fit ſortir tout le monde, fit ſa priere ſur le mort, le reſſuſcita, & lui donna le Baptême.
Ce Cathécumene racontoit qu’il avoit été conduit devant le Tribunal du ſouverain Juge, qui l’avoit condamné à deſcendre dans des lieux obſcurs avec une