Aller au contenu

Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/433

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
395
DES ESPRITS

mort, ne faiſant pas attention que ces bonnes œuvres ne peuvent être utiles qu’à ceux qui ſont morts en état de grace, quoiqu’encore ſouillés par quelque faute vénielle, puiſque l’Ecriture nous apprend[1] que rien de ſouillé n’entrera dans le Royaume des Cieux.

On croit que les réprouvés peuvent quelquefois revenir par la permiſſion de Dieu, comme on a vû des perſonnes mortes dans l’Idolâtrie, & par conſéquent dans le crime, & exclues du Royaume de Dieu, retourner en vie, ſe convertir & recevoir le Baptême. S. Martin n’étoit encore que ſimple Abbé de ſon Monaſtere de Ligugé[2], lorſqu’en ſon abſence un Cathécumene qui s’étoit mis ſous ſa diſcipline pour être inſtruit des vérités de la Religion Chrétienne, vint à mourir ſans avoir reçû le Baptême. Il y avoit trois jours qu’il étoit décédé, lorſque le Saint arriva ; il fit ſortir tout le monde, fit ſa priere ſur le mort, le reſſuſcita, & lui donna le Baptême.

Ce Cathécumene racontoit qu’il avoit été conduit devant le Tribunal du ſouverain Juge, qui l’avoit condamné à deſcendre dans des lieux obſcurs avec une

  1. Apoc. 21. 27.
  2. Sulpit. Sever. vita S. Martin. c. 5.