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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 1, 1751.djvu/71

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DES ESPRITS

les jours de notre vie : ainſi nous pouvons dire que les Grecs & les Romains Gentils croyoient que certaines eſpeces d’Eſprits, qu’ils croyoient bons & bienfaiſans, protégeoient les Royaumes, les Provinces, les Villes, & les Maiſons particulieres.

Ils leur rendoient un culte ſuperſtitieux & idolâtre, comme à des Divinités domeſtiques : ils les invoquoient, leur offroient des eſpeces de ſacrifices & d’offrandes d’encens, de gâteaux, de miel, de vin, &c. mais non des ſacrifices ſanglans. [1] Forſitan quis quœrat, quid cauſœ ſit, ut merum fundendum ſit Genio, non hoſtiam ſaciendam putaverint… Scilicet ut die natali munus annale Genio ſolverent, manum à cœde ac ſanguine abſtinerent.

Les Platoniciens enſeignoient, que les hommes charnels & voluptueux ne pouvoient voir leurs Génies, parce que leur eſprit n’étoit pas aſſez épuré, ni aſſez dégagé des choſes ſenſibles : mais les hommes ſages, modérés, tempérans, qui s’appliquoient aux chofes ſérieuſes & ſublimes, les voyoient ; comme Socrate, qui avoit ſon Génie familier qu’il con-

  1. Cenſorin. de die natali, c. a. Vide Taffin de anno ſæcul.