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Page:Calmettes - Leconte de Lisle et ses amis, 1902.djvu/124

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VIII



Arrière-rejetons du romantisme et forts de l’avenir ouvert devant eux, ces jeunes volontaires s’estimaient capables de rendre plus parfaite l’expression poétique, dont ils se croyaient de bonne foi les futurs rénovateurs.

Le tout premier d’entre eux, sinon par la date de son enrôlement, du moins par ses qualités batailleuses, fut Catulle Mendès. Longtemps je suis resté persuadé qu’il serait impossible de publier sur Mendès un jugement sincère, tant sa réputation courante s’était établie sur un colportage de calomnies. C’est qu’à cette époque de sa jeunesse il traitait de haut l’opinion et jetait ses idées à travers le nez des gens en se moquant de leur déplaire. Non seulement il fouaillait les esprits, mais encore, par les plus impertinents défis portés aux meilleurs sentiments, il cinglait les cœurs, en fanfaron de vice, en matamore à rebours, qui se chargeait comme à plaisir de semblants corrupteurs et qui, bravant les antipathies, les exaspérait par des faisons de cynisme uniquement extérieur. Très épris des idées nobles et des principes supérieurs, il était capable d’afficher toutes les tendances contraires et de les soutenir jusqu’à l'égorgement.

Et cette allure de parade, draperie de Scaramouche jetée sur un fond qui ne se laissait pas aisément apercevoir, trompait les observateurs superficiels habitués à juger l’homme d’après le masque ; elle les