Aller au contenu

Page:Calmettes - Leconte de Lisle et ses amis, 1902.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Isle-Adam, d’autres encore prétendaient rattacher l’art de Coppée. Faisant allusion aux sujets qu’il empruntait volontiers à l’humble vie parisienne, les intransigeants du Parnasse appelaient Coppée « Lakiste de faubourg » ; ils l’accusaient de n’avoir d’autre idéal que celui de son petit épicier de Montrouge et, provincial de Paris, d’être d'une date et d’un quartier, de ne pouvoir dépasser la barrière.

Présenté par Catulle Mendès et se présentant agréablement lui-même, lisant simplement d’une voix sympathique avec un débit net, délié, varié, Coppée se trouvait dans les meilleures conditions pour avantager ses vers ; mais, à cause de la différence d’inspiration, ceux qu’il publia dans le Reliquaire et qu’il dit chez Leconte de Lisle ou chez Théodore de Banville, c’est-à-dire dans les deux salons se partageant alors la jeunesse littéraire, n’obtinrent qu’un succès d’estime pour la facture. Lu dans les deux salons, son Passant y fut jugé trop peu scénique pour être jamais joué, pronostic que mille représentations devaient démentir. Quant au Reliquaire, il avait paru presque en même temps que les Poèmes saturniens de Verlaine. Verlaine et Coppée, liés d’intimité, se trouvèrent plus étroitement unis par l’intérêt de leur début simultané. Légitimement soucieux de leur avenir, épris de gloire comme l’est la jeunesse, tous deux vinrent au café de Madrid se montrer aux journalistes ; mais, n’étant pas assez gros personnages pour qu’on s’occupât d’eux sans les connaître, ils comprirent qu’ils feraient en vain cette politesse à la Critique et bientôt se retirèrent pour travailler selon leurs forces à leur succès. Par les moyens doux, avec son esprit de camaraderie, sa finesse d’à-propos et son caractère homogène, Coppée finit par obtenir ce que n’aurait pas obtenu Leconte de Lisle. Il eut dans une certaine mesure sa part de la suspicion qui pesait sur les Parnassiens, mais, comme il se distinguait de la plupart d’entre eux en faisant de la sensibilité l’élément essen-