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Page:Calmettes - Leconte de Lisle et ses amis, 1902.djvu/267

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un ton d’ancien miséreux à l’enquête dite de la Vache enragée, les témoins de ses débuts purent sourire de cette fantaisie de suprême chic. Et, si je me suis appuyé sur les dates pour prouver que les prétendues années d’indigence ne trouvent pas à se loger dans sa biographie c’est que je n’ai pas voulu qu’on pût croire mon affirmation fondée sur les simples dires des Parnassiens. Les Parnassiens ont connu les fortes haines, les rancunes vivaces. Ils louchèrent aux malices d’un Magnard, aux coups droits d’un Albert Wolff ; mais, devant les légèretés agressives de Daudet, ils regardèrent de haut, non de travers ; ils dédaignèrent. Avec Paul Arène et Gustave Mathieu, Daudet avait écrit contre eux le Parnassiculet contemporain qui parut anonyme en 1866 et qui ne valait pas en effet l’honneur de plusieurs signatures. Le principal mérite de cette facétie minuscule est de compter parmi les raretés bibliographiques. Les auteurs la considéraient comme une œuvre de grand esprit ; or il ne faut pas la juger sur la seule pièce qu’on en cite invariablement parce qu’on la trouve dans les encyclopédies. Cette pièce, la moins inexpressive, était aussi la plus facile à faire, puisqu’elle parodiait Victor Hugo, dont les outrances sont par elles-mêmes presque une parodie, pour les rendre comiques, il suffit de les reproduire. Le pastiche visant Leconte de Lisle ne mérite même pas qu’on le mentionne à titre de curiosité. Daudet passait pour en être l’auteur, ainsi que du pastiche visant Louis Ménard. Il ne toucha pas le but qu’il voulait atteindre. « Ce sont de lourdes insanités », se contenta de riposter Leconte de Lisle.

Ainsi les niaiseries inoffensives du Parnassiculet ne sauraient expliquer le mépris du Parnasse pour les Amoureuses, les Lettres de mon moulin, la Double conversion, les Contes du lundi, la Dernière idole, l’Œillet blanc, que sais-je encore ? Je citerais l’œuvre complète de Daudet. La raison de ce dédain, je l’ai