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Page:Calmettes - Leconte de Lisle et ses amis, 1902.djvu/80

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fidélité désespérante à Louise Colet. Dans les intervalles de cette collation périodique, le concours ne semblait pas avoir les mêmes raisons d’être jugé d’avance ; du moins les concurrents croyaient-ils pouvoir en risquer la chance ; or, Louise Colet ayant été couronnée deux ans auparavant pour un poème sur la Colonie de Mettray, les jeunes poètes n’imaginaient pas qu’elle « aurait l’impudeur (je répète leurs termes) de voler, cette fois encore », les mille francs du prix qu’ils estimaient plus justement dus à leur talent. Hélas ! l’ambition nourrit l’ambition. Sous prétexte que le sujet, l’Acropole d’Athènes, l’avait irrésistiblement séduite, Louise Colet composa quelques centaines de vers qu’elle présenta sans plus d’hésitations au concours. On lui reprochait les improvisations. En cinq jours elle avait écrit la matière poétique de son premier prix, sur le Musée de Versailles. Cette fois elle s’entoura d’un appareil préparatoire qui réduisait d’avance toutes les critiques à néant. Elle relut Pausanias, alla visiter à Londres les marbres de Phidias et, forte de cette inspiration directe, défia les concurrents.

Elle a conté les circonstances qui lui valurent quatre prix successifs. Si nous l’en croyons (et comment mettre en doute la parole d’une telle dame ?) elle dut le premier à l’estime purement poétique du vieux Népomucène Lemercier, le second à l’admiration de Béranger qui se fit son avocat près de Lebrun, le troisième à l’enthousiasme de Victor Hugo qui répétait à toutes les oreilles de l’Institut le plus beau vers de la pièce. Pourtant, avant de décerner ce troisième prix et malgré le vers cornélien[1], l’Acadé-

    en 1839, ce qui n’empêcha qu’elle l’obtint encore en 1843, 1851 et 1833.

  1. Ce vers, qui manque d’un mot son effet de rythme monosyllabique et dont la pensée vaine se pare d’une fausse grandeur, ce vers de mirage et d’emphase :

    Ayons de ces grands cœurs où bat le cœur de tous