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Page:Calmettes - Leconte de Lisle et ses amis, 1902.djvu/85

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sèrent d’interpréter à leur avantage. Il leur semblait qu’on avait profité de leur présence pour rendre ridicule un retour de passion surannée, dont on prétendait se distraire. Chacun d’eux tira donc de l’incident la morale qui répondait le mieux à ses secrets sentiments. Leconte de Lisle crut avoir constaté par preuves tangibles les influences extra-littéraires qui gagnèrent à sa rivale académique un nouveau prix aussi mérite que les précédents ; quant à Flaubert, depuis longtemps… Mais rabaissons le voile ; nous sortirions de notre sujet.

Leconte de Lisle n’était pas concurrent pour son compte personnel ; il aidait Louis Ménard de ses conseils et s’intéressait au prix pour son ami. Cependant Louise Colet, qui ne craignait pas d’en user avec la poésie comme certaines femmes en usent avec l’amour, réclamait de tous ses fidèles une part de collaboration. Elle soumit donc à Leconte de Lisle, aussi bien qu’elle le soumettait à Flaubert, Louis Bouilhet ou Villemain lui-même, son poème sur l’Acropole, en exigeant de sérieux avis. Assez embarrassé, Leconte de Lisle, client nouveau de la Muse, donna les avis par nécessité de politique, et ne les donna pas mauvais par orgueil de poète ou par respect pour son métier ; mais il eut un plaisir d’autant plus vif à se dédommager de son embarras en contant l’aventure. Du même coup, il vengeait les poètes et ses amis.