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Page:Calmettes - Leconte de Lisle et ses amis, 1902.djvu/9

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À JULES GUIFFREY




Mon cher ami,


Vous n’avez pas connu Leconte de Lisle et, comme tous ceux de votre génération qui ne l’ont jamais approché, vous n’avez pu le juger que sur ses apparences. Par sa retraite altière et par son orgueilleux dédain pour les bateleurs à la mode, chercheurs de renommée facile, il semblait un de ces êtres de haute exception qui se réfugient, loin des vanités du monde, dans la noble dignité de leur caractère ; mais en même temps par ses faiblesses, que le hasard a rendues publiques, il laissait paraître en lui cette tendance commune à bien des âmes qui capitulent devant leur propre intransigeance. Franchement hostiles à toutes les attitudes équivoques, votre stricte droiture et votre esprit fermement libéral n’avaient pu considérer sans réprobation le Républicain intellectuel dont certains actes ont démenti les paroles et qu’une