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Page:Calvat - Vie de Mélanie, bergère de la Salette.djvu/130

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VIE DE MÉLANIE

contemplation des perfections infinies du Très-Haut leur créateur ; mais laissons. Mon grossier langage est trop, beaucoup trop terre à terre ; d’ailleurs, je suis, moi ver de terre, bien persuadée que quiconque des mortels qui voudrait tracer, décrire la gloire, les délicieuses félicités, les munificences dont la magnanime sagesse éternelle comble et recomble les Bienheureux dans la céleste patrie, ne retracerait pas même l’ombre de la plus minime des fleurs.

Après quelques jours passés dans un bonheur inexprimable, mon petit Frère me ramena où il m’avait prise et me dit de m’en aller chez celle où j’étais avant de venir dans le bois. Ma tante m’avait fait chercher de toutes parts et avait résolu de ne plus garder chez elle une enfant qui lui causait tant d’ennuis. En me voyant revenir le dimanche soir et ne pouvant me faire dire d’où je venais, sinon du bois, elle me rendit à mon père, mais me reprit bientôt par pitié, parce qu’il devait s’absenter pour son travail. De son côté, ma mère, depuis qu’elle avait su que j’étais avec la sœur de mon père, avait perdu la paix ; et je ne sais comment j’appris qu’elle avait dit qu’elle me préférerait morte plutôt que de me savoir avec ma tante Bigote.