Page:Calvat - Vie de Mélanie, bergère de la Salette.djvu/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
78
VIE DE MÉLANIE

se leva, parla en secret avec la Maîtresse et s’en alla. Quand, le soir, j’arrivai à la maison, j’y trouvai une grande inquiétude : ma mère me regardait avec fâcherie, mes frères pleuraient disant que mon père avait sévèrement repris ma mère pour le fait mentionné ci-dessus et pour d’autres choses que je ne compris pas. Continuant à se fâcher il disait qu’il ne pouvait plus rester avec elle parce qu’elle dépensait l’argent en divertissements ; puis qu’elle méprisait sa fille et que, désormais, il l’emmènerait avec lui. En entendant tout cela, je fus très affligée, je courus me mettre aux genoux de mon père, le priant de cesser ses reproches à Julie, lui faisant bien comprendre que si elle m’avait coupé les cheveux c’était parce que j’avais de la vanité, et je le priai de me pardonner tous les déplaisirs que je lui avais donnés ; enfin je lui dis qu’il ne convenait pas que j’aille avec lui s’il abandonnait ma chère mère… Peu à peu mon père se calma.

En voyant tant d’affliction dans cette famille à cause de moi, j’étais amèrement peinée et attristée ; il me semblait que, si je pouvais désirer ce que mon Dieu ne veut pas, j’aurais désiré de mourir ; car la grande crainte que j’avais