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Page:Calvat - Vie de Mélanie, bergère de la Salette.djvu/164

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VIE DE MÉLANIE

maison de mes maîtresses ; elles ne m’en faisaient plus des reproches, au contraire, par pure bonté, les dimanches elles disaient aux personnes qui venaient chez elles : « Cette petite est une sainte ; on ne peut pas penser diversement : continuellement elle prie le bon Dieu et travaille ; elle ne pense pas à s’amuser, à se divertir ni à savoir aucune chose ; elle est très obéissante ; souvent elle a demandé la permission de coucher à l’écurie. Je ne le lui permets pas souvent, etc.[1]. » La première fois que mes oreilles entendirent de semblables paroles, j’en fus effrayée, je m’en affligeai beaucoup, et je confesse que je tombai même dans une profonde tristesse, croyant ou craignant d’avoir mérité par quelque grave infidélité envers mon bien-aimé Jésus l’abandon du Très-Haut, puisqu’il me privait du grand trésor de souffrir les humiliations, les mépris, les dérisions, les insultes, l’abandon des créatures, etc. Je fus triste pendant bien des jours pour avoir eu cette disgrâce d’être à jeun des précieux mépris de mes chères maîtresses. Il est vrai aussi que je me sentais très indigne de la faveur des humiliations ; d’ailleurs elles ne sont

  1. Ces lignes entre guillemets sont écrites très fin, comme lorsqu’il lui en coûtait d’écrire quelque chose.