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Page:Calvat - Vie de Mélanie, bergère de la Salette.djvu/191

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VIE DE MÉLANIE

les dons sacrés des accusations, des humiliations qui m’étaient présentés par mon divin Médecin pour la guérison de mon âme.

Un soir, ma maîtresse, devant moi, dit à sa famille qu’elle n’avait pas pu parler de mon vol à mon père parce qu’il n’était pas dans le pays. Sur cela je me montrai très indifférente ; peut-être parce que je me trouvais dans une mer d’affliction d’esprit et de corps par suite d’une communication terrifiante au sujet du monde que j’avais vu enveloppé dans de grandes calamités. Un jour, mes sens suspendus, mon intelligence avait vu le monde dans d’épaisses ténèbres, des incendies un peu partout, et j’entendais ces cris comme des cris de bêtes féroces : « Vive l’anarchie ! à bas la calotte et les fanatiques ! tuez, tuez, fusillez, poignardez, purgeons la terre ! » On noyait des gens, des vieillards, des femmes et des enfants pour aller plus vite ; le sang coulait, les maisons se fermaient, mais ces hommes altérés de sang enfonçaient, brisaient les portes et massacraient tous ceux qui tombaient sous leurs mains ; beaucoup de prêtres, de religieux et de religieuses étaient mis à mort : il y en avait qu’on menait en bandes attachés les mains derrière le dos, on les con-