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Page:Calvat - Vie de Mélanie, bergère de la Salette.djvu/195

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VIE DE MÉLANIE

Mais qui pourrait dire ma crainte, ma douleur, voyant que le ciel pour moi était fermé en punition de mes péchés ; me voyant comme abandonnée au milieu des ténèbres, sans soulagement du ciel ni de la terre ! Au contraire, par la laideur de mes ingratitudes envers mon bienaimé Jésus, j’étais haïe, repoussée par ses créatures raisonnables. Il manquait seulement que la terre s’ouvrît pour me précipiter dans l’enfer.

Je l’aimais, mon Jésus, oui. Sous la main bénie de la divine justice, j’étais amplement, profondément uniformée aux justes et saints vouloirs de mon aimé Jésus, expert et fin voleur des cœurs ; et bien que parfois je n’eusse plus la force d’appeler la vie de ma vie, avec la voix du cœur je demandais et cherchais où était celui que j’aimais.

Durant ces quelques jours ténébreux de désolation et de saccage, le Dieu des vertus et des miséricordes plusieurs fois me ranima par compassion pour ma faiblesse ; mais ses paroles ou ses lumières confortantes ne duraient qu’un éclair. Et ainsi cette lumière ou bien cette parole du Tout-Puissant créateur de l’univers me persuadait sur ce que je croyais par la foi : pendant ces ténèbres, tentations, batailles, contradictions,