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Page:Calvat - Vie de Mélanie, bergère de la Salette.djvu/213

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VIE DE MÉLANIE

mettre à table. Des grosses larmes coulaient de mes yeux ; nous étions tous sans rien dire ; et ici encore ma mauvaiseté se produisit : sans permission je cachais sous la table sur mes genoux tout ce qui m’était servi dans mon assiette, dans l’intention de m’enfuir ensuite et de le portera ma chère mère qui n’avait pas mangé. À cet effet, je pris même d’autres provisions.

La nuit était avancée, mon père était couché et nous croyait tous couchés et endormis ; près de mon lit, je priais mon divin Maître. Dès que je n’entendis plus rien, doucement, doucement je pris la direction de la porte avec mes provisions et m’enfuis dans la rue. Mon père m’appelle, je feignais de ne pas l’entendre : j’allais d’une rue à l’autre, ne sachant la direction qu’avait prise ma chère mère. Après avoir parcouru diverses rues à sa recherche, je pensai d’aller chez une de ses amies pour avoir, s’il était possible, de ses nouvelles. J’y courus. Je n’étais pas entrée que j’entends la voix de ma bien chère mère. J’entre toute consolée d’avoir enfin retrouvé ma mère ; je cours pour l’embrasser et lui donner mes provisions. Elle me donna un solennel soufflet d’une main si forte qu’elle m’envoya rouler à terre et que le sang me

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