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Page:Calvat - Vie de Mélanie, bergère de la Salette.djvu/90

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VIE DE MÉLANIE

visse pas et je le croyais plus que si je l’avais vu, que si je l’eusse vu des yeux du corps ; parce qu’en priant mentalement il me semblait que mon intellect s’élargissait, s’étendait à distance et je comprenais que Dieu remplit le monde et combien il aime ses créatures. Je l’aimais et je l’aimais du plus profond de mon cœur. Cet amour me faisait amoureusement souffrir, en ce sens que je voyais et sentais que l’amour de l’Éternel amour étant infini, et que mon amour étant comme un néant, je ne pourrais jamais satisfaire mon ardent désir d’aimer la vie de ma vie, la lumière de mes yeux, le repos de mon âme, jamais l’aimer d’un amour de correspondance digne de celui que mérite mon divin Rédempteur. Affligée de mon impuissance, je le priai alors de me faire souffrir, de me crucifier, et de me donner par ses mérites la force de souffrir autant que je le voulais aimer, et je voulais l’aimer comme il voulait être aimé de moi, sans rival ; j’avais faim d’amour et de souffrance. Ainsi, à la clarté de l Éternelle Lumière, je me voyais sans l’ombre de vertus, méprisable et incapable d’une bonne pensée par moi-même, incapable de glorifier le Très-Haut sans sa divine grâce, je me répugnais à moi-même. Seulement dans