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Page:Caouette - Le vieux muet ou un Héros de Châteauguay, 1901.djvu/144

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— Mon mérite, dans cette affaire, n’est pas aussi grand, allez ! que vous paraissez le croire ; j’ai été plus gauche que brave. Après avoir logé une balle dans la tête de l’ourse, j’ai commis l’imprudence de jeter mon arme. La bête que je croyais morte, et qui n’était qu’étourdie, s’est précipitée sur moi… et je me suis défendu, voilà tout !

— Mais ne comptez-vous pour rien la force extraordinaire et l’endurance merveilleuse que vous avez déployées dans le combat ?

— Durant tout le combat, j’ai prié la Sainte-Vierge, et je crois fermement que c’est cette puissante protectrice qui m’a donné et la force et l’endurance dont vous parlez.

Le vieux François, tout en admirant ce bel esprit d’humilité et de foi, et en admettant l’intervention divine dans ce combat, n’en restait pas moins convaincu que Jean-Charles, en cette occurrence, s’était conduit comme un héros.

C’est aussi notre conviction.

— Quoi que vous en pensiez, M. Lormier, reprit le vieillard, vous pouvez, sans scrupule, accepter cette somme que M. Normandeau m’a chargé de vous transmettre, avec l’expression de sa plus grande admiration.

— Je l’accepte avec reconnaissance, d’abord parce qu’elle me vient d’un cœur noble et, généreux, et ensuite parce que j’en aurai