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Page:Caouette - Le vieux muet ou un Héros de Châteauguay, 1901.djvu/230

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Les relations entre les deux jeunes gens avaient pris un caractère intime qui n’échappait pas à la curiosité si vigilante de nos braves paysans. Ils avaient remarqué les visites régulières que Jean-Charles faisait à la famille de LaRue ; et, le dimanche, après chaque office, ils voyaient Jean-Charles et Corinne revenir ensemble de l’église. Il y avait de quoi mettre les langues en mouvement ; mais si on parlait beaucoup de Corinne et de Jean-Charles, ce n’était que pour en dire du bien.

La race des commères n’avait probablement pas encore fait son apparition sous le ciel du Canada…

Mais continuons.

Jean-Charles était ce que les gens appellent familièrement un parti avantageux.

La maison qu’il habitait et la terre qu’il cultivait appartenaient, il est vrai, à sa mère, mais il en était virtuellement le maître, et Mme Lormier ne cessait de le répéter chaque fois que l’occasion s’en présentait. D’ailleurs, il avait su faire fructifier les deux mille dollars qu’il avait reçus du curé Faguy et du vieux François, comme un témoignage de reconnaissance ou d’admiration. De plus, ayant la légitime ambition de réussir dans la carrière que ses parents lui avaient ouverte, il travaillait sans relâche pour atteindre son but.