Victor, avec cette souplesse de caractère que possèdent les hypocrites, se radoucit aussitôt et dit, à sa mère, en souriant : « Qu’avez-vous donc, bonne maman ? »
— Je croyais, dit la vieille, en tremblant, que tu m’avais appelée.
— Mais, non, bonne maman ! Je déclamais un discours politique que je dois prononcer prochainement et j’apostrophais, avec colère et indignation, les ennemis de nos droits…
— Mon Dieu ! que tu m’as fait peur ! fit la vieille, en se retirant.
Bête que je suis ! murmura sourdement Victor. Il faudra que je réprime ma colère si je veux réussir. Ah ! c’est une rude partie que j’entreprends… N’importe ! je risquerai tout, tout, tout, pour la gagner ! Allons voir le futur beau père…
— J’ai bien l’honneur de vous saluer, M. le candidat ! dit Victor, en s’inclinant respectueusement devant M. de LaRue.
— Moi pareillement, M. le notaire, répondit le vaniteux rentier en s’enflant comme la grenouille de la fable… Avez-vous du nouveau ?
— Mais, oui, mais, oui ! M. le candidat. J’ai si bien joué mes cartes, que tous les aspirants à la candidature ont consenti à s’effacer devant vous…