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Page:Caouette - Le vieux muet ou un Héros de Châteauguay, 1901.djvu/27

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Et tout le rivage retentit des acclamations joyeuses de la multitude !

Le vieillard, un peu confus, mais tout rayonnant, montre à la foule le ciel, voulant exprimer par ce geste que les actions de grâces doivent s’adresser à Dieu !

Oui, un sourire rayonne sur le bon visage de notre héros ; ce sourire est le reflet du vrai bonheur que procure toujours à l’âme la satisfaction du devoir accompli. Et il se félicite, non pas de ses exploits, mais d’avoir eu le grand privilège d’être choisi par Dieu pour faire des heureux…

Ce soir-là, il eut pour son chien des caresses plus tendres, et il lui fit partager en commun son modeste repas, comme le chien avait partagé avec lui les dangers et les honneurs de la journée !

Puis, malgré la fatigue qui paralysait ses membres, il s’agenouilla devant l’image de la sainte Vierge et y resta longtemps, le front courbé, l’âme débordante, remerciant Marie de lui avoir procuré ce bonheur. Un moment, des larmes jaillirent de ses paupières :

« Ici, c’est le passé qui parle au souvenir ! »

Enfin, ne pouvant plus se tenir à genoux, il se jeta sur son lit de sapin et dormit comme un bienheureux.