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Page:Caouette - Le vieux muet ou un Héros de Châteauguay, 1901.djvu/276

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de venir reprendre sa place à mon foyer. Et ensuite, je tâcherai de me réconcilier avec Jean-Charles en lui offrant, — gage de réparation et d’amitié, — la main de ma fille bien-aimée !

Ce qui fut pensé, fut fait. M. de LaRue n’était pas instruit, mais il savait lire et écrire passablement.

Il écrivit donc à sa fille une longue lettre dans laquelle il s’accusait de l’avoir contrainte, par ses duretés, à briser les doux liens qui l’unissaient à Jean-Charles, puis à fuir le foyer domestique pour aller ensevelir sa jeunesse et son bonheur entre les murs sombres du couvent… Il la priait de lui pardonner la peine qu’il lui avait causée et tous les torts qu’il avait eus envers elle. Il lui assurait que, si elle voulait revenir sous le toit paternel, elle aurait la liberté d’épouser Jean-Charles, qu’il regrettait d’avoir traité si durement.

Il lui annonçait sa défaite, et, au lieu de la déplorer, il remerciait Dieu de la lui avoir infligée, comme moyen de le guérir de sa vanité et de son ambition…

Par le retour du courrier, M. de LaRue reçut de sa fille une lettre dont voici la teneur :


« Très cher et bien-aimé père,

« Quoi ! vous daignez vous accuser devant moi des torts et de la peine que vous croyez m’avoir causés ! Quoi ! vous me faites des