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Page:Caouette - Le vieux muet ou un Héros de Châteauguay, 1901.djvu/345

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de Jésus-Christ, il lui semblait que, pour se présenter devant le Roi des rois, il devait se vêtir aussi proprement, sinon plus, qu’il convient de le faire, quand on se présente devant un roi ou un grand du monde.

Il n’est pas nécessaire d’apporter de la toilette au banquet de l’eucharistie, non ! mais de la propreté et de la décence, oui !

Ce serait outrager Dieu que d’agir autrement.

Jean-Charles demeurait à plus d’un mille du village, et il n’y allait que le dimanche.

S’il fuyait la société, c’est parce qu’il craignait d’y rencontrer des compatriotes qui l’auraient reconnu et peut-être dénoncé à la justice comme assassin !

Pourtant, bien habile eût été celui qui aurait reconnu le jeune héros de Châteauguay dans cet homme, à la barbe et à la chevelure blanches, qu’on voyait passer, appuyé sur une canne comme un vieillard, portant le costume du paysan et coiffé d’un chapeau de paille à larges bords !

Même une fois, en sortant de l’église, il s’était trouvé face à face avec un de ses plus intimes amis de Saint-Denis, qui l’avait regardé sans le reconnaître.

Ce fait avait quelque peu calmé ses appréhensions, mais il ne voulait pas s’exposer.