Aller au contenu

Page:Caouette - Le vieux muet ou un Héros de Châteauguay, 1901.djvu/352

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 345 —

tement, et il se dirigea avec son protégé vers la maison du vieux fermier.

— Tiens ! vous nous amenez le petit muet de Frank O’Neil ! s’écria la mère Kelly.

Le géant expliqua par des signes qu’il l’avait trouvé évanoui sur le bord d’un ruisseau, le visage ensanglanté.

— Pauvre misérable ! soupira la vieille fermière, c’est sans doute son père qui l’aura encore battu… Et elle ajouta que l’enfant était orphelin de mère, et que son père — un ivrogne et un paresseux — lui faisait subir les plus mauvais traitements.

En entendant ces paroles, notre héros prit l’orphelin dans ses bras et lui fit comprendre qu’il voulait être pour lui désormais un ami, un second père, un défenseur !

C’est Dieu, pensa-t-il, qui a mis cet infortuné sur mon chemin. Je m’efforcerai d’en faire un bon chrétien et un citoyen utile.

Toute la famille Kelly s’associa de grand cœur à un tel acte de charité et de dévouement.

La vieille fermière s’empressa de donner à l’enfant les soins que requérait son état. Elle lava la blessure qu’il portait à la tempe gauche et y appliqua une compresse ; puis, après lui avoir fait prendre un bon souper, elle le fit coucher sur un lit bien moelleux. Le lendemain, qui était un dimanche, Jean-Charles, impa-