Aller au contenu

Page:Caouette - Le vieux muet ou un Héros de Châteauguay, 1901.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 91 —

j’ai deux clefs, et, si vous le désirez, je vous en donnerai une, et vous pourrez revenir à l’heure que vous voudrez.

Inutile de dire que Victor accepta la clef. C’était son intention d’en demander une, et, pour atteindre son but, il avait inventé une histoire, que Mme de Courcy avait gobée comme un verre de lait.

Le misérable ayant gagné son point, se leva de table, salua respectueusement la brave femme, et… se rendit tout droit au « Saumon d’or »…

C’est dans ce lieu et dans d’autres semblables que, désormais, au sortir de son bureau, le clerc notaire dépensera sa jeunesse, ses facultés, son honneur, et l’argent qu’il obtiendra sous de faux prétextes…

Ce jour-là, il se vautra dans la fange et l’orgie jusqu’à deux heures le lendemain matin.

Sûr qu’il était de pouvoir rentrer au logis sans être remarqué, il ne s’était pas gêné de vider plusieurs verres de liqueur forte, afin, le misérable ! de ne plus être effrayé, comme la veille, par la présence des pieux objets qui décoraient sa chambre !

Il dormit d’un sommeil de plomb, comme dort le pourceau après s’être roulé dans la boue…