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Page:Cardan - Ma vie, trad. Dayre, 1936.djvu/13

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traignirent ensuite à passer, il se jeta ardemment à la conquête de toutes les sciences ; la passion du jeu seule le détourna parfois du travail.

Reçu docteur en médecine, il exerça d’abord pendant des années de demi-misère dans des villages, à Piove di Sacco où il se maria vers la trentaine, ayant enfin recouvré sa virilité qu’il pleurait depuis dix ans. Bien que le Collège des médecins de Milan, considérant sa naissance comme illégitime, refusât de le recevoir, il revint en 1536 dans sa patrie où une chaire de mathématiques lui fut confiée. Il y resta six ans, — six ans d’un labeur productif, qui n’écartait cependant pas de son esprit le souci d’être agréé par le Collège. Les échecs ne le rebutent pas ; de puissants amis qu’il se concilie font pour lui fléchir la rigueur des règlements. Une première concession lui est faite : on lui accorde de pratiquer la médecine dans Milan sans jouir cependant de tous les droits des autres médecins. Deux ans plus tard son triomphe est complet.

De ce temps datent aussi les débuts de sa production médicale, par où, dès lors, il s’attire de nombreuses inimitiés du fait de son humeur combattive et de son goût de la nouveauté. Il entre en rapports avec le mathématicien brescian Nicolò Tartaglia qui, peu d’années auparavant, avait découvert les premiers éléments de la résolution des équations du troisième degré, et le voilà engagé dans une des aventures les plus retentissantes de sa carrière.

Mais sa renommée qui s’étend lui a valu des offres honorables : du pape Paul III, du lieutenant pour le roi de France en Italie, Brissac, qui voudrait se l’attacher ; Pavie et Pise lui offrent une chaire. Tout est repoussé jusqu’au jour où, les écoles platiniennes l’ayant chassé, sa clientèle s’étant clairsemée à cause de sa négligence de joueur acharné, il accepte d’enseigner la médecine à Milan où on a transporté, tant bien que mal, quelques cours de l’Université de Pavie fermée à cause des guerres. Là commence sa carrière de professeur, plusieurs fois interrompue parce que le traitement était payé irrégulièrement et que, cependant, il fallait faire vivre une famille accrue de trois enfants, deux garçons et une fille. Durant une de ces interruptions il est prié de donner ses soins à l’archevêque de Saint-Andrews, John Hamilton, primat d’Écosse et frère du régent, qui lui propose de venir jusqu’à Lyon. Il s’y laisse entraîner, puis de là à Paris et enfin jusqu’à Édimbourg. Les résultats de ses soins sont heureux, la