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Page:Cardan - Ma vie, trad. Dayre, 1936.djvu/377

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de façon à marquer ta supériorité.

Ceux qui écrivent des ouvrages confus sont comme ceux qui mangent des aliments crus : pour un léger plaisir ils s’exposent à de graves embarras.

Il faut mesurer la bonne foi des hommes à leur intérêt, à moins qu’ils ne soient d’un caractère absolument supérieur à la chose qui est en jeu.

Le plus important dans les actions des hommes est d’en trouver le terme.

Les hommes les plus humains de notre temps, pour être uniquement attachés aux biens présents et sensibles, sont d’un mot accusés d’impiété, (291) d’ingratitude et d’ignorance.

Quand je dois renvoyer un domestique je lui dis : tu fais mon affaire mais je ne fais pas la tienne, c’est pourquoi tu es forcé de me quitter.

Quelqu’un me disait : Comment se fait-il qu’étant si sage, tu aies des enfants si fous ? — Parce que je ne suis pas aussi sage qu’ils sont fous.

Les hommes favorisés par la fortune sont semblables aux enfants qui sautent des marches d’un escalier : plus ils en franchissent dans un saut, plus ils sont contents, mais le danger et les risques auxquels ils s’exposent grandissent à proportion.

Il vaut mieux taire cent choses à dire qu’en exprimer une qu’il fallait taire.

Il faut obliger les enfants à une réponse immédiate, pour qu’ils oublient tout le reste et qu’ils ne répondent pas aux questions avec l’esprit ailleurs.

À qui me demande ce qu’on fait à Rome, je réponds : ce qu’on doit faire dans la capitale des villes et des choses humaines.

— As-tu été en prison ? Je réponds à l’un : — Veux-tu y aller aussi ? À un autre plus stupide : — Qu’as-tu fait pour en avoir peur ?

Il ne faut pas mettre dans ses livres ce qui n’est pas arrivé à une conclusion ou ce qui n’est pas digne de lecture.

(292) Quand tu fais des mots d’esprit tu dois avoir la peau assez épaisse ; quand tu en entends, pense que tu l’as encore.

Dans les affaires pratiques il n’en est pas comme dans les arts, une connaissance générale ne sert de rien, il faut des notions exactes. Nous pouvons en effet faire du bien à un malade qui a une fièvre