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INTRODUCTION

I

De toutes les œuvres sur lesquelles Cardan comptait pour éterniser son nom, il n’en est guère qu’une de nos jours qui trouve encore des lecteurs, et ce sont les mémoires de sa vie, sur lesquels certainement il n’avait pas mis les plus grands espoirs. Le reste est désormais du seul domaine des spécialistes de l’histoire des sciences ou de la philosophie.

Après avoir joui, de son vivant et pendant le siècle qui suivit sa mort, d’une large renommée[1], il est à peu près oublié ; après avoir été célébré comme un inventeur incomparable, il n’a laissé son nom qu’à une invention (la suspension de Cardan[2]) et à une découverte (la formule de résolution des équations du troisième degré) auxquelles il avait peu de droits. Lui que Naudé et ses contemporains admiraient, non pas seulement comme un « preux de pédanterie », mais comme un des moralistes les plus pénétrants et du plus précieux conseil, il est devenu aux yeux de certains psychiatres un type de déséquilibré et de demi-fou.

  1. Sur le succès de ses divers ouvrages cf. De libris propriis III (Op. omnia I, 130) : « Galenus uero, cum principalem causam conscribendorum operum praetermisisset, honestiorem quidem… subiunxit : scilicet preces amicorum, quae tamen nec nobis defuit, nam praedictiones ab Anglis, mathematica a Germanis, medica ab Italibus postulabantur, naturalia uero ab omnibus. Gallis moralia placuere, quae forsan usui multis fuerunt. Si epistolas omnes clarorum uirorum, qui ut ederem nostros labores suadebant, in unum congessissem, integra arca contineri non possent. Sed pertaesus multitudinis, maximam partem earum ignibus tradidi. » Voir aussi note 21.
  2. On en trouverait déjà un exemple chez Philon. (Feldhaus, Die Technik der Antike und des Mittelalters, Potsdam 1931, p. 144).