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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/167

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éloignés qui sont aujourd’hui ou complètement abandonnés, ou sur lesquels le pâturage de quelque gros bétail peut seul engager à revendiquer la propriété du sol[1], et si nous recherchons les plus anciennes habitations, nous les trouvons dans les cantons qui, aux époques modernes, restent à l’abri de l’invasion de la charrue[2]. Les emplacements où le peuple autrefois avait coutume de s’assembler, et où il avait laissé après lui des traces de son existence, dans des pierres rangées en cercle semblables à celles de la plaine de Salisbury en Angleterre, se retrouveront invariablement dans les parties du royaume qui aujourd’hui n’engagent que très-faiblement à les occuper ou à les cultiver[3]. En recherchant les demeures de ces chefs qui autrefois troublaient si souvent la paix du pays, nous les trouvons dans les parties les plus élevées ; mais si nous voulons voir ce qu’on a appelé le grenier de l’Écosse, on nous renvoie aux terrains légers du Moray Frith faciles à défricher et à cultiver. Si

  1. On trouve encore d’autres preuves, et qui ne sont pas moins intéressantes, de l’existence d’une ancienne population, dans les coins reculés des highlands de l’ouest, où les Écossais Dalriadiques formèrent, pour la première fois, un établissement, sur le territoire qui a porté leur nom pendant plusieurs siècles… Dans plusieurs districts du même voisinage, et particulièrement au milieu des scènes qui ont emprunté un nouvel intérêt à cette circonstance, que le grand Campbell y a passé une partie de ses premières années, le voyageur curieux peut reconnaître sur les hauteurs, au milieu des « bruyères désolées, » des indices de ce fait, qu’il y a existé une culture avancée à une époque antérieure, culture bien supérieure à celle qui apparait aujourd’hui dans cette région. Le sol, sur le penchant des collines, semble avoir été contenu par des murs de pygmées, et ces singulières terrasses se rencontrent souvent à de telles hauteurs qu’elles doivent donner une idée très-vivante de l’espace occupé et de l’industrie développée par une ancienne population, dans les mêmes lieux où de nos jours le pâturage brouté par quelque gros bétail engage seul à revendiquer la propriété du sol. Dans d’autres districts, on peut encore suivre la trace des sillons à moitié effacés, sur Les hauteurs qui ont été abandonnées pendant plusieurs siècles au renard et à l’aigle. Des indices d’une ancienne population, ajoute l’auteur, se rencontrent dans de nombreuses parties de l’Écosse et ont enfanté la superstition « des sillons hantés par les Elfes, » nom sous lequel ils sont généralement connus. (Wilson, Annales antéhistoriques de l’Écosse, p. T4)
  2. On distingue encore des traces nombreuses de ces habitations primitives creusées dans la terre sur la mousse de Leuchar, dans la paroisse de Skene, et dans d’autres localités du comté d’Aberdeen, sur les bords du Lock-Fine, dans le comté d’Argyle, dans les comtés d’Inverness et de Caithness, et quelques autres districts de l’Écosse, qui ont jusqu’à ce jour échappé à l’invasion de la charrue. (Ib., p. 123.)
  3. Sur l’une des landes les plus sauvages, dans la paroisse de Tongland, dans le Kirkenbrightshire, on peut voir un spécimen semblable ; il consiste en un cercle de onze pierres, avec une douzième au centre de dimension plus considérable, l’éminence formée par le tout apparaissant un peu au-dessus de la mousse. (Ib., p. 116.)