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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/171

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que le Luxembourg et le Limbourg, pays pauvres et grossiers, ont été cultivés depuis une époque qui se place bien au-delà de la limite historique, tandis que les Flandres, aujourd’hui si riches, restèrent jusqu’au VIIe siècle un désert impénétrable. Au xiiie siècle même, la forêt de Soignies couvrait l’emplacement de la ville de Bruxelles, et la fertile province du Brabant était, en très-grande partie, sans culture ; et cependant, si nous entrons dans une province tout à fait voisine, celle d’Anvers, dans la Campine, maintenant presque abandonnée, nous trouvons des preuves de culture qui remontent jusqu’au commencement de l’ère chrétienne. C’est là qu’on trouve l’ancienne cité d’Heerenthals, avec ses murs et ses portes, et Gheel, dont la fondation date du viie siècle ; le voyageur y traverse le domaine des comtes de Mérode, avec son château de Westerloo, l’un des plus anciens de la Belgique, et dans les fossés duquel on trouve encore des instruments de guerre dont l’usage date de la période romaine. Partout les plus anciens villages se trouvent placés, ou sur les monticules ou dans les sables, dans le voisinage des marais, dont le pays était alors couvert dans une si grande étendue. Le commerce de laine du pays prit sa source dans la Campine, et ce fut à la nécessité des communications, entre la population de ces terrains peu fertiles et d’autres, qu’il faut attribuer l’existence d’un grand nombre de bourgs et de villes. Du temps de César, l’emplacement de la ville actuelle de Maastricht n’était connu que comme le lieu de passage du Maes, et celui d’Amiens n’était guère que le lieu de passage de la Somme, tandis que le Brœcksel, d’une époque plus récente, aujourd’hui Bruxelles, n’arriva à être connu que pour avoir servi à ceux qui avaient besoin de traverser la Senne.

En consultant l’histoire ancienne de la Hollande, nous voyons un peuple misérable, entouré de forêts et de marais qui couvrent les terres les plus fertiles, vivant à peine sur des îles sablonneuses et forcé de se contenter, pour sa subsistance, d’œufs, de poissons et d’aliments végétaux d’une nature quelconque en très-petite quantité. Son extrême pauvreté l’affranchit des impôts écrasants de Rome, et peu à peu sa population et sa richesse augmentèrent. La première entre toutes les provinces, dès une époque reculée, fut l’étroit district s’étendant entre Utrecht et la mer, qui, dans la suite, donna son nom de terre principale (Haupt ou Headland) à toute