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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/447

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controns qu’une série constante de famines et d’épidémies, accompagnées de l’amoindrissement de l’individualité et de la liberté ; amenant nécessairement à sa suite une succession constante de guerres, en vue d’acquérir de nouveaux territoires, pour y trafiquer, et la faculté constamment croissante de percevoir l’impôt qui doit entretenir le jeu de la machine gouvernementale[1].

L’histoire du monde n’est que le récit des efforts de quelques individus, qui avaient la force en main, pour restreindre le développement de la puissance d’association, empêcher l’organisation de la société, intervenir dans l’entretien du commerce, retarder la conquête de cet empire sur la nature qui constitue la richesse, et asservir ainsi une minorité faible. Chacune de ces pages offre la preuve du caractère instable de toute prospérité obtenue à l’aide de mesures qui violent cette loi si importante, cette loi fondamentale du christianisme, exigeant que nous respections les droits d’autrui comme nous voudrions qu’ils respectassent les nôtres ; mais aucune page ne nous offre une leçon plus instructive que celle où se trouvent consignés l’anéantissement du commerce dans l’Inde, et le développement en Angleterre de ce paupérisme

  1. « Nous sommes en guerre avec les Birmans. Chacun le sait, et ce qui est pire, chacun s’attend à ce que nous le serons toujours avec une puissance quelconque dans l’Orient. Il en était de même à Rome, Chacun admettait comme une chose naturelle, qu’une guerre, ou deux, eussent lieu aux confins de l’Empire ; avec les Carthaginois ou les Maures, les Celtibériens ou les peuples de l’Helvétie, les Syriens ou les Égyptiens ; et lorsqu’enfin il se trouva, pendant une année miraculeuse, que la terreur inspirée par Rome, ou l’épuisement de toute la race humaine, arrivèrent à ce point, que la guerre ne sévit plus réellement, le temple de Janus fut fermé dans la capitale, on célébra des jeux, on chanta des hymnes et l’empereur fut proclamé Dieu, de son vivant. Il en a été de même à l’égard de tous les grands empires.
      » Il n’y a aucune différence dans ce que nous aurions à énoncer sur le fait important de cette guerre déshonorante, et en ce moment si désastreuse. La cause de la guerre contre les Birmans, ce ne sont pas les réclamations de deux capitaines anglais, car ou leur avait promis de régler cette affaire ; ce n’est pas la conduite du gouverneur qui a donné lieu à ces réclamations, car il été promptement congédié ; ce ne sont pas, davantage, les absurdes et fabuleux griefs de la lie des gens de Rangoun rassemblés par le Commodore après son arrivée ; car ces griefs ne furent jamais formellement articulés, ni aucun acte ou refus sérieux de satisfaction, mais simplement et uniquement ceci : que quatre fonctionnaires de rangs très-divers et très-inégaux, qui avaient pénétré par force dans la cour du commissaire royal, sans aucune disposition préalable, et à une heure du jour tout à fait inusitée, étaient restés un quart d’heure exposés au soleil. Des explications et des excuses sans fin furent offertes, mais aucune ne fut admise. (Le Times de Londres).