Aller au contenu

Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/539

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parce que le système a pour but d’anéantir le commerce et de lui substituer le trafic ; d’obtenir à bas prix les matières premières de toute sorte, la terre, le travail, les subsistances, le coton et la laine, tandis qu’il maintient la valeur des tissus et du fer. Au lieu de se proposer l’égalisation des prix des matières premières et des produits complets, ce qui est toujours la preuve d’une civilisation en progrès, il cherche à agrandir la différence entre ces deux choses ; ce qui prouve toujours le rapprochement de la barbarie.

Le rappel des lois sur les céréales, ayant diminué la rapidité de la circulation, on en a pu voir les conséquences dans ce fait, que la déperdition de travail a augmenté ; on peut produire, comme preuve à l’appui, cet autre fait : un auteur moderne, M. Mayhew, apprend à ses lecteurs, qu’en treize années « on a constaté qu’il n’était pas passé moins de 11.000 vagabonds dans une petite ville qui renferme moins du double de cette population. » Le même fait se révèle dans tous les ouvrages anglais, et surtout dans ceux de Dickens. Partout on voit deux ouvriers en quête d’un chef d’industrie, et une douzaine de boutiquiers à l’affût d’un acheteur. Une pareille mesure n’est qu’un pas nouveau dans la voie de

    bâton, ou d’un projectile quelconque lancé contre quelqu’un. » (London Times.)
      « Le caractère misérable des maisons de nos paysans, par lui-même et indépendamment des causes qui ont rendu les maisons si misérables, est dégradant et démoralise les pauvres de nos districts d’une manière effrayante. Il provoque l’accroissement maladif et anormal de la population. Les jeunes paysans, dès leurs plus tendres années, sont accoutumés à dormir dans des chambres à coucher où se trouvent des individus des deux sexes, des individus mariés et non mariés. Ils perdent, conséquemment, tout sentiment de ce qu’il y a d’indélicat dans un pareil genre de vie. Ils savent aussi qu’ils ne gagnent rien à différer leurs mariages et à faire des épargnes ; ils savent qu’il leur est impossible, en agissant ainsi, de se procurer des demeures plus confortables, et que, la plupart du temps, ils doivent attendre de longues années avant de pouvoir obtenir une demeure séparée quelconque. Ils comprennent qu’en différant leurs mariages pendant 10 ou 15 ans, ils seront, au bout de ce temps, précisément dans la même position qu’auparavant et qu’ils n’en seront pas mieux pour avoir attendu. Ayant donc perdu tout espoir d’amélioration dans leur position sociale, et tout sentiment de ce qu’il y a d’indélicat à prendre femme chez soi, dans une chambre à coucher déjà occupée par des parents, des frères et des sœurs, ils se marient de bonne heure, souvent, sinon en général, avant 20 ans, et il n’est pas rare qu’ils occupent, dans les commencements de leur mariage, un lit de plus dans la chambre à coucher déjà encombrée de leurs parents. C’est ainsi que se trouve détruit le sentiment de moralité chez les paysans. Cette population ainsi dégradée s’accroit d’une façon anormale, et ses moyens de subsistance sont diminués par la concurrence croissante du nombre croissant d’individus. » (Kay, Condition sociale de l’Europe, tom. I, p. 472.)