Aller au contenu

Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/572

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

terre elle-même, « d’un état de guerre » de la part des grands capitalistes nationaux, dans le but d’anéantir la concurrence à l’intérieur et au dehors. Ayant une ferme confiance dans l’existence de l’être qui lui est connu sous le nom d’homme, être possédant des sentiments et des affections, il avait une grande admiration « pour le petit propriétaire, » qui, connaissant « toutes les parties qui forment son petit territoire, le considère avec toute l’affection que la propriété, particulièrement la petite propriété, inspire naturellement ; et qui, par cette raison, prend plaisir, non-seulement à le cultiver, mais encore à l’embellir, » et il aurait rejeté avec dédain l’idée de l’homme que conçoit l’économie politique moderne, c’est-à-dire un être qui dort, mange et procrée, et doit recevoir un salaire qui lui permette de satisfaire les besoins les plus restreints de sa nature, et ces besoins uniquement. Voyant clairement « que l’emploi le plus avantageux du capital du pays auquel celui-ci appartient est celui qui entretient la quantité la plus considérable de travail productif, et augmente le plus le produit annuel de la terre et du travail de ce pays, il avait peu de considération pour les opinions de ceux qui voyaient dans « le commerce étranger » l’indice unique de la prospérité ; et s’il vivait aujourd’hui, il respecterait aussi peu les opinions de ceux qui voient, dans l’importation de « la richesse des climats que parcourent en nomades les nations sauvages, pillées par des esclaves, pour acheter des esclaves à l’intérieur, » une compensation, quelle qu’elle soit, à l’établissement d’un système, sous, l’empire duquel « l’homme devient un poison, et la population un fléau. » S’attachant à peine à une seule opinion qui lui soit commune avec cette économie politique moderne, née, depuis, de l’école anglaise[1], il n’y a guère lieu d’être surpris que nous ne trouvions dans le grand ouvrage de Smith aucune preuve, qu’il croie que « la misère, » décrite par Malthus, existe en vertu d’aucune des lois établies par Dieu, que cet Être si grand et si bienfaisant n’ait aucune place à sa table pour des fractions considérables de la famille humaine ; ou que cet écrivain pense qu’une nation devait s’enrichir par cette extirpation, de hardis paysans, l’orgueil de leur patrie, qui a eu lieu, depuis cette époque, dans toutes les parties du Royaume-Uni.

  1. On trouvera le principal point d’accord entre Smith et ses partisans dans ses chapitres sur la Monnaie, où il a commis de graves erreurs.