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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/10

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à son entretien. En ne faisant qu’effleurer la terre avec de médiocres instruments, il obtient de faibles provisions de blé ; mais, quelque faibles qu’elles soient, elles produisent ce résultat, de diminuer considérablement la nécessité d’effectuer des changements de lieu de la matière, et d’augmenter de beaucoup la somme de temps qui peut être consacrée à la production. Plus tard, il soumet et utilise à son profit la force de l’eau courante et celle du vent ; ce qui lui permet d’appliquer, dans une proportion constamment croissante, son temps et son intelligence au développement des trésors variés que renferme la terre, en même temps qu’il met au jour les matières avec lesquelles il fabriquera les instruments dont il a besoin, ou qu’il préparera le sol pour la réalisation de ces changements vitaux dans la forme de la matière, qu’il doit accomplir pour augmenter la quantité des subsistances et des matières premières des vêtements. Plus sera considérable la quantité de subsistances qu’on peut obtenir d’une surface donnée, plus grand sera le nombre des individus qui peuvent vivre réunis, plus grande sera la puissance d’association et de combinaison, plus doit être rapide la circulation, plus doit être intense le développement de l’individualité, plus immédiatement aussi la demande d’efforts physiques et intellectuels doit suivre la consommation du capital qu’elle représente ; plus doit être considérable la proportion des efforts appliqués au développement des qualités utiles et latentes de la matière, et plus doit l’être également la tendance à créer des centres locaux d’activité, qui neutralisent l’attraction exercée par un centre capital, politique ou commercial. La terre étant le grand réservoir de la puissance, la marche progressive de l’homme vers la richesse et la liberté, ou vers la pauvreté et l’esclavage, est en raison directe de la proportion, plus ou moins considérable, d’intelligence qu’il peut consacrer à utiliser les forces existantes dans ce réservoir, forces latentes et qui n’attendent que ses ordres pour s’employer à son profit.

Le mouvement qu’accomplit l’homme isolé est, ainsi que nous l’avons démontré, le mouvement de va-et-vient du couteau ou de la hache appliqués à couper ou à fendre le bois. Celui de l’homme vivant au sein d’un état social parfait, où chaque individu en trouve quelque autre disposé, et apte en même temps, à lui fournir une compensation en échange de l’emploi de ses facultés physiques