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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/105

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tement annoncé au monde par le président du conseil, M. Baroche, sa détermination « formelle » de rejeter le principe du libre échange, comme incompatible avec la sécurité d’une grande nation et comme destructeur de ses plus belles manufactures. « Nul doute, a-t-il ajouté, que nos tarifs douaniers ne contiennent des prohibitions inutiles et surannées, et nous pensons qu’elles doivent être effacées ; mais la protection est nécessaire à nos manufactures. Cette protection ne doit pas être aveugle, non modifiable ou excessive ; mais le principe en doit être maintenu avec fermeté. » L’autre, au contraire, a changé son système à plusieurs reprises, et surtout dans les trente-cinq dernières années. Jusqu’en 1825, elle a été entassant protection sur protection ; mais depuis cette époque, sa politique a subi altération sur altération, jusqu’à ce que la forme de celle actuelle ait perdu à peu près toute ressemblance avec celle de l’époque de Georges III, quoique l’esprit reste le même.

L’une est calme, tranquille et confiante dans son mouvement en avant ; tandis que l’autre, agitée, hésitante, est sans cesse engagée dans des guerres pour l’extension du commerce, — guerres militaires conduites par des soldats et des marins, des amiraux et des généraux, — et guerres de trafiquants, conduites au moyen « d’énormes capitaux dirigés de manière à prévenir ou écraser la concurrence au dehors ou au dedans.

L’une devient rapidement le guide des nations avancées de l’Europe, tandis que l’autre s’entoure graduellement des ruines de nations, naguère importantes, qui ont été ses amies.

La politique de l’une est en accord avec les vues de son illustre fondateur Colbert et avec celles d’Adam Smith, alors qu’il enseigne « que le pays qui, dans ses cargaisons, compte le plus de produits nationaux et le moins de produits étrangers, doit toujours être celui qui bénéficie davantage. » L’autre est en harmonie avec les doctrines de sir Robert Peel, qui enseigne que « le principe du gouvernement anglais doit se trouver dans la simple détermination « d’acheter sur le marché le plus bas et de vendre sur le marché le plus cher, » — achetant le travail étranger et domestique à bas prix et le vendant cher au dehors et à l’intérieur[1].

  1. « La coalition des mineurs d’Écosse, — la plus vaste et la plus amèrement combattue qu’on ait jamais connue dans le nord de l’Écosse, peut être considérée comme terminée. Lorsqu’elle était à son apogée, il y a environ six semaines, 40.000