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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/107

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gleterre présente aujourd’hui sont ceux de centralisation croissante et de déclin, symptômes d’une mort prochaine.

L’époque de Périclès est celle de la plus grande splendeur d’Athènes ; mais cette splendeur n’était que l’avant-coureur du déclin et de la mort politique, — le nombre des petits propriétaires ayant déjà diminué ; la terre allant, se monopolisant de plus en plus ; et les hommes arrivant à être regardés à peu près comme de pures machines. L’époque la plus brillante de Rome fut celle des Antonins ; mais même alors elle penchait vers sa chute qui était si voisine. Comme ç’avait été le cas pour Athènes, la base de l’édifice social s’était graduellement rétrécie, — le libre travailleur ayant disparu du sol et la terre elle-même formant investiture à des propriétaires absents. Les mêmes causes produisent les mêmes effets, et l’historien des temps futurs trouvera probablement que la période de la plus grande splendeur de l’Angleterre a été celle où la propriété foncière est devenue le privilège de quelques hommes, — celle où le libre travailleur allait disparaissant graduellement du sol, celle où l’on inventait la doctrine malthusienne, — et celle où l’homme devenait de jour en jour davantage un pur instrument à l’usage du trafic[1].

  1. « Je rappellerai qu’Adam Smith et Gibbon nous ont dit qu’on ne reverrait jamais plus la civilisation détruite par des barbares. L’inondation, disent-ils, ne reviendra plus couvrir la terre ; et leur raisonnement semblait juste ; car ils comparaient la force immense de la partie civilisée du monde avec la faiblesse de cette partie qui restait sauvage, et ils demandaient d’où pourraient venir ces Huns et d’où pourraient venir ces Vandales pour détruire de nouveau la civilisation. Hélas ! ils ne se doutèrent pas qu’au cœur même des grandes capitales, tout à côté de splendides églises, théâtres, bibliothèques, musées, le vice, l’ignorance et la misère peuvent produire une race de Huns plus féroces que ceux qui marchèrent sous Attila, et de Vandales plus enclins à ravager que ceux qui suivirent Genséric. » Macauley.