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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/19

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Pour que l’individu cesse d’être asservi et que l’agriculture devienne une science, il est indispensable qu’il y ait division de travaux ; que ses facultés soient provoquées à l’activité, que la puissance d’association se développe, que le marché destiné à l’écoulement de ses produits s’établisse dans le voisinage de sa terre ; que l’utilité de toutes les denrées fournies par celle-ci, sous la forme de subsistances ou de tissus végétaux, de houille, de minerai, de chaux ou de marne, s’accroisse par ce moyen ; que le possesseur de cette terre soit ainsi affranchi des taxes énormes auxquelles il est soumis, par suite de la nécessité d’opérer des changements de lieu ; qu’il soit affranchi également de la déperdition énorme de force humaine, physique et intellectuelle, qui accompagne toujours le défaut de diversité dans les modes de travail, et que les forces productives de la terre soient augmentées, en lui remboursant continuellement l’engrais, par la consommation de ces produits. C’est à l’existence de l’état de choses que nous retraçons ici, que la Belgique est redevable d’occuper un rang si distingué dans l’agriculture et de pouvoir ainsi fournir des enseignements à ses voisins anglais, comparativement barbares ; et c’est par de semblables causes qu’on a vu l’agriculture française, malgré des guerres étrangères presque continuelles, accomplir récemment de si rapides progrès.

§ 8. — À mesure que les emplois se diversifient, la circulation s’accélère, le travail s’économise, l’agriculture se développe et l’homme gagne en liberté. Le commerce croit avec l’accroissement de diversité parmi les hommes, et il en résulte accroissement de liberté de l’homme.

À chaque accroissement dans le mouvement de la société, il y a une augmentation dans la force dont elle peut disposer, qui lui permet de consacrer une proportion plus considérable d’une quantité constamment croissante, au développement des ressources de la terre. Plus le mouvement est rapide, moins est considérable la somme des forces perturbatrices qui, jusqu’à ce jour, avaient tendu à diminuer les forces de la terre et celles de l’individu qui la cultivait, et c’est ainsi, conséquemment, que l’agriculture devient une science et que le cultivateur du sol, l’homme aux travaux duquel nous devons tous les aliments que nous consommons, tous les vêtements que nous usons, devient plus libre à mesure que les travaux se diversifient de plus en plus. Toutes les fois, au contraire, que l’industrie décline, toutes les fois que l’artisan et le mineur sont de plus en plus séparés du fermier et du planteur, cette séparation est accompagnée d’une rapide diminution dans la somme d’efforts physiques et intellectuels que l’on peut consacrer au dé-