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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/41

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parasites, nombreuses et fortes. On vendait des offices de toute espèce ; et il n’était pas rare que trois ou quatre personnes possédassent la même charge, à titre de premier, de second, de troisième ou de quatrième, par rang de date ; chacun d’eux s’occupant avec ardeur de tirer, de la population, l’impôt nécessaire pour leur entretien. Les taxes locales étaient presque innombrables, tandis que les manufacturiers s’entouraient eux-mêmes de règlements tendant à empêcher la concurrence intérieure pour l’achat des matières premières, ou pour la vente des produits manufacturés. Du produit définitif du travail, une portion si considérable se trouvait absorbée en passant du producteur au consommateur, qu’en même temps que l’un ne pouvait obtenir que peu de drap en échange de ses subsistances, l’autre ne pouvait obtenir que peu de subsistances en échange de son drap. Le commerce n’ayant donc qu’une chétive existence, la nation n’offrait guère aux regards de l’observateur que deux grandes classes, l’une qui vivait et travaillait dans des conditions misérables, lors même que ses membres échappaient aux ravages de la disette et de la peste, tandis que l’autre se livrait aux orgies d’un luxe digne des barbares. Dans aucune partie de l’Europe, la magnificence d’un petit nombre d’individus n’était portée aussi loin ; mais dans aucune autre aussi, la misère du plus grand nombre n’était aussi complète ; et à aucune époque, le contraste, sous ce rapport, n’avait été plus parfait, qu’à celle où Colbert fut appelé à la direction des finances du royaume.

Le système des relations internationales qui existait alors ressemblait beaucoup à celui adopté en Allemagne, au commencement du siècle actuel ; on trouvait partout des douanes, entravant le passage des individus et des produits à travers le territoire de l’État. Jaloux d’écarter ces obstacles apportés au commerce, Colbert, autant que cela était possible alors, les transporta aux frontières ; et il établit ainsi la liberté de circulation pour toutes les denrées, nationales ou étrangères, toutes les fois que ces dernières arriveraient dans les limites du royaume. En second lieu, il chercha à perfectionner les moyens de transport ; et les canaux d’Orléans, de Briare et du Languedoc sont là pour attester sa sollicitude à cet égard. En outre, voulant développer le commerce entre les individus, en rétablissant les diverses industries qui avaient été presque anéanties durant la longue période des guerres civiles, il frappa de taxes oné-