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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/458

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coûteux que partout ailleurs ; et par la raison que l’homme, la terre et la richesse y sont moins entravés par des règlements.

Dans de telles circonstances une banque est aussi inoffensive que le magasin de cordonnerie. Ce sont les mêmes lois qui les régissent tous deux. L’un est un lieu ou des artisans cordonniers versent leurs produits en vue de fournir, à ceux qui en ont besoin, des souliers qui aillent à leur pied. Faute d’une telle place d’échange, les individus qui ont un grand pied parcourraient une rue sans trouver rien que des artisans qui n’auraient à vendre que de petits souliers, — tandis que dans une autre rue des individus ayant un petit pied ne rencontreraient que des artisans ayant de grands souliers, — personne ne serait chaussé. Une banque est un comptoir appartenant à des propriétaires de capital hors d’emplois qui réunissent là leurs moyens, et les fractionnent en telles sommes qu’il convient aux besoins des divers individus qui désirent obtenir le prêt de monnaie, — accommodant ainsi la chaussure au pied du client. Une centaine de petits capitalistes, ainsi associés, peut fournir ici assistance au grand manufacturier, et ailleurs on peut voir quelques capitalistes plus puissants, propriétaires d’une banque, fournir assistance à un millier de fermiers, d’artisans, et de négociants[1]. Faute d’un tel comptoir, le fermier aurait peine à acheter semence ou engrais ; l’industriel souffrirait du manque d’une machine à vapeur, et le fabricant de ne pouvoir s’approvisionner suffisamment de matières premières — et tous par la difficulté de trouver un individu ayant la somme exacte qu’ils désirent emprunter et consentant à accepter la sécurité qu’ils ont à offrir. Au même instant peut-être, d’autres individus, qui peuvent fournir l’assistance et disposés à recevoir la sécurité, cherchent en vain des individus qui veulent emprunter. Le comptoir de monnaie rend ici le même service que le magasin de souliers, — accommodant le travailleur avec le capital, et le capitaliste avec le travail ; et moins il y a d’interventions, mieux la chose s’ajuste. Donnez liberté au négoce de monnaie, le nombre des comptoirs de monnaie augmentera comme

  1. Là où la terre est divisée et le commerce libre, les grands capitalistes ne font pas de banque par actions, parce que leur capital, autrement placé, rapporte davantage. La meilleure preuve qu’on puisse désirer que le système est vicieux, c’est que dans ce cas ils tiennent le stock d’une banque, en partie, comme un placement permanent. Les banques devraient être et ne seraient, si on les abandonnait à elles-mêmes, que de plus grandes caisses d’épargne.