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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/488

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à mesure que s’accroît la facilité de reproduction, — le capitaliste obtenant une plus faible quote-part dans le produit du travail, et le travailleur en retenant une plus forte qu’auparavant.

Le rabot mécanique facilite la construction des maisons ; le tissage mécanique diminue le coût de l’étoffe ; la couture à la mécanique simplifie la confection des vêtements, au grand avantage de l’humanité en masse, mais au détriment de ceux qui ont à vendre des maisons, de l’étoffe et des vêtements. De même la découverte de l’or californien diminue les difficultés que rencontraient les individus désireux d’obtenir la monnaie. — Il y a avantage pour ceux qui n’en ont pas, aux dépens de ceux qui jusqu’ici en ont eu. La marche dans tous ces cas étant exactement la même, les résultats sont précisément semblables, — les mêmes causes engendrant mêmes effets. La seule différence réelle se trouve dans l’importance plus grande de la découverte, dont on a traité ici si légèrement. Si le changement consistait eu une amélioration du mode de convertir les métaux précieux en montres, porte-crayons ou cadres, on l’eût certainement considéré comme conduisant à une augmentation de richesse ; toutefois ce changement plus grand qui facilite tellement la production de la matière première des montres et porte-crayons doit, nous dit-on, n’être considéré que comme un pur déplacement de richesse. Que M. Bastiat tombe en contradiction avec lui-même, rien d’étonnant, — le manque de logique est le caractère distinctif de la moderne économie politique.

Si les émigrants pour la Californie, au lieu d’or, découvraient des haches, des bêches, des charrues toutes faites, M. Bastiat, sans nul doute, aurait vu là un grand avantage résultant pour la société en masse, — nonobstant la tendance de la découverte à diminuer la valeur des instruments existants. Il se refuse cependant à voir l’avantage qui doit résulter de la découverte d’énormes quantités d’un instrument tout fait, — la plus grande de toutes les machines qui épargnent travail, à l’usage de l’homme, — destinée par le Créateur à réunir ensemble les forces de centaines, de milliers, de millions d’hommes, puis à les diviser, les recombiner et de nouveau les diviser et subdiviser, si bien que de ces milliers et millions chaque homme puisse obtenir facilement sa part du produit du travail de tous. Les gens à qui l’écrivain s’adresse prouvent, cependant, par l’erreur imaginaire dont il prétend les guérir, qu’ils ont mieux que