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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/73

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leurs politiques respectives ayant été et étant encore telles, un examen des résultats qu’elles ont obtenus, mettra peut-être le lecteur à même de déterminer quel sera en définitive le vainqueur de la lutte. Avant de nous y livrer cependant, il convient d’appeler son attention sur le fait que la question est une question de progrès et non de condition actuelle. Chez les deux nations, il y a une somme énorme de pauvreté et de calamité ; chez toutes deux la centralisation est considérable. Ce qu’il nous importe pourtant de considérer maintenant c’est : si elle sont en progrès ou en déclin, et à quel degré. Si l’on montre que l’une gagne continûment sur l’autre, nous sentirons alors l’assurance que — bien qu’elle puisse sous quelque rapport nous sembler en arrière, — c’est cependant à elle qu’en définitive il faut décerner la couronne de victoire.

§ 2. — Les conséquences se montrent d’elles-mêmes dans le grand accroissement de la valeur de la terre comparée à celle de la terre dans le Royaume-Uni.

Le caractère essentiel de civilisation, comme le lecteur l’a déjà vu, se doit chercher dans le rapprochement des prix des matières premières et des utilités achevées en lesquelles ces matières sont converties — les premières sont en hausse et les dernières en baisse régulières ; avec une diminution correspondante dans la proportion des produits du travail assignée à ceux qui vivent en se plaçant entre les producteurs d’un côté et les consommateurs de l’autre.

À chaque degré de progrès dans cette direction, la terre — la source d’où dérivent le blé, le coton et le sucre, — est affranchie de plus en plus de la taxe de transport et tend à acquérir une valeur monnaie plus élevée ; et plus cette tendance s’accroît, plus s’accélère le progrès humain.

À l’époque de Solon, la terre d’Attique avait une grande valeur comme l’eut aussi la terre de la Campagna aux premiers jours de Rome, mais avec accroissement de centralisation, la terre perdit sa valeur, et ses cultivateurs furent asservis. À l’époque d’Yarranton, comme nous l’avons vu, les matières premières de l’Angleterre étaient à bon marché et les utilités achevées étaient chères, et la terre était à bas prix. Avec le temps — et le marché domestique pour ses produits étant formé — elle fut soulagée de la taxe de transport et son prix s’éleva rapidement. Précisément aussi, à mesure que la taxe diminua, les utilités différentes des sols divers se développèrent, avec tendance constante vers l’égalité de valeur — les moins estimés au premiers temps étant ceux qui avaient le plus