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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/75

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Trente ans plus tard, celle de l’Angleterre s’est un peu accrue, l’évaluation de 1843 ayant été de 37.412.000 liv. st., et M. Caird nous donnant le même chiffre pour 1851[1]. Celle d’Irlande, cependant, était tellement tombée, que la valeur totale annuelle de la terre dépasse de très-peu, si même elle dépasse, celle de 1815 ; tandis que celle de France, comme nous voyons, s’est tellement accrue qu’elle est aujourd’hui à peu près deux fois ce qu’elle était alors.

§ 3. — Accroissement comparé des agricultures française et anglaise.

La différence ci-dessus étant très-remarquable, nous pouvons avec avantage rechercher les causes auxquelles elle est due. En France, comme nous avons vu, le rendement moyen du blé s’est accru, de 1813 à 1840, d’au moins 25 % ; et la quantité totale de subsistances qui s’obtient aujourd’hui est presque le double de ce qui s’obtenait il y a quarante ans. Si nous consultons maintenant M. Caird, la plus haute autorité en Angleterre, nous trouvons que l’accroissement du rendement moyen du blé dans la longue période de quatre-vingts ans, n’a été que de 15 % ; — le rendement actuel étant de 26 boisseaux et demi à l’acre, contre 23 en 1770[2]. Quant à la production totale, nous apprenons de la même autorité, que : « Nonobstant tous nos progrès en agriculture, les engrais dont nous disposons et nos procédés améliorés, la production totale de céréales de toute nature, — blé, orge, seigle, avoine, fèves et pois, — en Angleterre, d’après les estimations des écrivains les plus éminents, reste de deux millions de quarters au-dessous de ce qu’elle était en 1770, au rapport d’Arthur Young. » M. Caird est d’avis que ce dernier a évalué beaucoup trop haut la production d’alors ; « mais, d’autre part, dit-il, il n’y a point certitude que nous soyons nous-même exact. » Il suffit, cependant, qu’un doute existe au sujet de la supériorité de l’une ou de l’autre période.

En Écosse, à l’époque d’Adam Smith, environ un cinquième du territoire avait été substitué[3]. Il y a dix ans, la proportion s’était élevée à moitié, et les substitutions se poursuivaient très-activement ; tandis que partout leur effet se manifestait par les propriétés négligées et par une culture moins bonne.

En passant à l’Irlande, nous trouvons que la diminution dans la

  1. English Agriculture in 1850-51, p. 521.
  2. Ibid., p. 475.
  3. Ibid., p. 523.