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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/88

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Un examen sur le négoce entier, relatif au coton, donnera, le lecteur va le voir, un résultat précisément semblable. Il y a quarante ans, l’importation du coton en Angleterre était de 96.000.000 liv., et obtenait 20 deniers 1/2 par livre, — ce qui donne 8.200.000 liv. st[1].

Trente ans plus tard, le mouvement du négoce, d’après la même autorité, était ainsi :

Matière première 500.000.000 de livres à 5 deniers par livre. 10.000.000 liv.
Salaires de 542.000 filateurs, tisseurs, blanchisseurs, etc., à 24 liv. par an par tête. 13.000.000
Salaires de 80.000 mécaniciens, faiseurs de machines, serruriers, maçons, menuisiers, à 50 liv. par an par tête. 4.000.000
Profits des manufacturiers, salaires de surintendance, sommes pour acheter les matières de l’outillage, houille, etc. 9.000.000
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_________________ Total. 36.000.000

Nous voyons là que tandis que les matières premières consommées étaient cinq fois plus considérables, le prix de vente en Angleterre était plus élevé d’un peu plus que 20 pour cent. Si nous considérons cependant qu’à chaque degré de cette hausse on a dû nécessairement, par suite de l’épuisement incessant de la terre en culture, recourir à des terres de plus en plus éloignées, ce qui a produit augmentation constante dans le coût de transport, et si nous déduisons la charge domestique ainsi créée, et ensemble les frets, magasinages, courtages et autres charges sur cette quantité immense, nous trouvons que ces 500.000.000 livres, n’auraient pas donné à leurs producteurs plus de 5.000.000 livres, c’est-à-dire moins que ce que, trente ans auparavant, ont reçu les producteurs de 96.000.000, et c’est moins aussi qu’il ne fallait pour payer le dommage causé à la terre — en laissant de côté le coût de culture[2].

  1. Mac Culloch. Commercial Dictionary, article Coton.
  2. « Il y a peu de récoltes, dit un journal du Sud, plus épuisantes que celle du coton. Pour tenir la terre à coton en condition convenable, il faut une quantité énorme d’engrais ; c’est pour la plupart des feuilles tombées, des détritus et du terreau forestiers. Une autre difficulté est que cette culture occupe le terrain plus longtemps que toute autre et ne laisse au planteur que peu de temps pour enrichir ou améliorer sa ferme comme il l’entend. Un planteur d’Alama a dit que le coton avait été plus désastreux que les tremblements de terre et les éruptions de volcans. Témoin les rouges collines de Géorgie et de la Caroline du Sud, qui ont produit le coton jusqu’à ce que la dernière parcelle du sol s’y refusât, et où la terre, rendue à