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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/117

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ment d’efficacité de travail et de l’accroissement d’économie de l’effort humain, on a l’explication facile du fait que le capital s’accumule toujours plus rapidement lorsque le taux de l’intérêt est au plus bas. Le passé nous en fournit des exemples comme nous l’avons va en comparant l’accroissement du capital de l’Angleterre sous les Plantagenets ou de la France sous les Valois, — époque où l’intérêt était très-élevé, — avec ce qui se passe aujourd’hui dans ces deux pays ; ou dans le dernier pays en comparant l’époque antérieure à la révolution, avec celle qui a suivi. On le voit aussi, en comparant tout pays purement agricole, comme l’Irlande, le Brésil, l’Inde avec d’autres où existe la diversité de professions, comme la Nouvelle-Angleterre, la France ou la Belgique, ou bien, sans sortir de notre propre pays, en comparant la période de 1817 à 1824, alors que les moulins et les hauts fourneaux furent partout fermés, avec la période de 1824 à 1834, alors qu’on se mit à construire des moulins.

Le capital étant l’instrument employé par l’homme dans ses efforts pour acquérir le pouvoir sur la nature, tout ce qui tend à accroître son pouvoir sur l’instrument tend également vers l’égalité et la liberté, et tend à l’élévation du travailleur du temps présent aux dépens des accumulations du temps passé. Tout ce qui tend au contraire à accroître le pouvoir de l’instrument sur l’homme, tend à l’élévation de ces accumulations à ses dépens, — à produire l’inégalité, — et à rétablir l’esclavage. Le pouvoir de l’homme sur l’instrument grandissant lorsque grandit l’association, et celle-ci grandissant lorsque se multiplient les professions, il s’ensuit nécessairement que la voie qui conduit l’homme à la liberté fait suite à celle qui conduit au développement des différentes facultés des individus dont se compose la société.

§ 8. — Tendance de la loi de distribution à produire l’harmonie et la paix entre les sociétés de la terre.

Dans la marche que nous avons tracée plus haut, nous remarquons une harmonie parfaite dans les intérêts des différentes parties de la société, — le travailleur tirant grand avantage du voisinage du propriétaire du canot, et ce dernier en tirant également du voisinage de l’homme qui a la volonté et l’aptitude de s’en servir. Aucun ne profite aux dépens de l’autre, — chacun obtient une plus grande quantité d’utilités, — et tous deux sont mis à même de consacrer plus de temps et d’intelligence à perfectionner l’outillage qui leur sert à commander l’usage des services de la nature et