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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/123

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de la terre et de toutes les denrées premières du sol. Leurs prix avaient monté au moment où ce passage fut écrit ; mais ceux des utilités achevées avaient beaucoup baissé, — ce qui facilitait l’achat des métaux précieux en diminuant les frais de reproduction et par suite abaissant le taux d’intérêt.

On a nié que l’accroissement de la quantité d’argent puisse exercer quelque effet sur le prix à payer pour son usage. En y réfléchissant davantage, M. Hume eût certainement reconnu que les emprunteurs qui touchent de gros salaires obtiennent toujours l’argent à un taux d’intérêt plus bas, que celui qu’on impose à ceux qui touchent de faibles salaires. En promenant son regard sur ce monde, il eût vu que l’intérêt est faible partout où le travail et la terre ont une grande valeur élevée, au contraire, là où la terre est à vil prix et où l’homme est esclave. De plus il eût vu que selon que les haches ou les machines sont perfectionnées, et le travail rendu plus productif, le propriétaire de ces instruments est obligé de se contenter d’un taux de compensation constamment décroissant en proportion du coût de l’instrument — laissant à l’homme qui s’en sert une quote-part constamment décroissante dans une quantité constamment croissante.

C’est exactement pour la même raison qu’il allouera au possesseur de cet instrument d’échange, qui consiste en pièces d’or et d’argent, une plus faible indemnité pour leur usage, — parce qu’il sent qu’avec les instruments actuels améliorés, il dépensera le même effort pour gagner plus de schillings qu’il eût dépensé à l’époque des Plantagenets pour gagner un pence, La valeur ne peut excéder le coût de reproduction. Lorsqu’elle baisse et que le travail est en hausse, l’intérêt baisse nécessairement. — Cette baisse de l’intérêt, selon l’expression de M. Hume, « est un signe certain de la prospérité d’une nation » par la pure et simple raison qu’elle est un signe d’une haute valeur de la terre et du travail, — laquelle donne le pouvoir d’acheter les métaux précieux.

Ce qui fait monter l’intérêt, dit M. Hume, « ce n’est pas la rareté de l’or et de l’argent, mais la grande demande de l’emprunt, l’insuffisance des capitaux pour répondre à la demande, et les grands profits à faire dans le commerce, » ou, pour parler plus exactement, dans le trafic. C’est dans de telles circonstances, certainement, que l’intérêt est élevé, — et elles se rencontrent infailliblement dans tous ces pays, qui, — ayant la balance du commerce