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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/140

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dait. Considérons maintenant la récente fondation de ce qui est devenu les États-Unis, elle nous offre un récit de rudes privations, — provenant du peu de densité qui ne permettait point l’association et la combinaison. La seconde des propositions formulées ci-dessus est donc en opposition directe avec chacun des faits que présente l’histoire du monde ; tous les faits, au contraire, sont en concordance exacte avec celle que nous présentons ici.

À mesure que s’accroissent richesse et population, les hommes sont de plus en plus mis à même de s’associer et de combiner leurs efforts, en même temps que s’accroît la tendance au développement de leurs diverses facultés, et que s’accroît constamment leur pouvoir de contraindre les forces de la nature à travailler pour leur service, — chaque étape, dans cette voie de progrès, étant marquée par un accroissement du pouvoir de déterminer quels sols à choisir pour la culture, et par un accroissement constant de la rémunération du travail, et de la facilité de produire et d’accumuler. — Voilà comment l’homme devient le maître de la nature, tandis, qu’à croire M. Ricardo, il en devient, de plus en plus l’esclave.

§ 4. — Erreur de M. Ricardo au sujet de l’origine de la rente. Une rente telle qu’il l’indique n’a jamais été, ou ne peut être payée.

La seconde proposition attribue l’origine de la rente à la nécessité d’appliquer le travail d’une manière moins productive, Le propriétaire du n° 1 qui rend 100 quarters se trouvant dans la position de demander 10 quarters lorsque le moment est venu de recourir aux sols de seconde qualité, qui rendent 90 quarters et 20 quarters lorsqu’on descend au n° 3, qui ne rend que 80 quarters.

Si toutes les terres avaient le même degré de puissance, la nécessité ne serait plus admissible ; cependant on aurait à payer, pour l’usage d’une ferme garnie de bâtiments et de clôtures, une compensation qu’on refuserait de payer au propriétaire d’un terrain resté dans l’état de nature. Dans cette compensation, M. Ricardo ne voit que l’intérêt du capital, et il la distingue de celle payée pour l’usage de la puissance du sol. Lorsque des terres de puissance différente sont exploitées, — et qu’elles sont toutes également pourvues de bâtiments, de haies, de granges, — il suppose que le propriétaire du n° 1 reçoit intérêt de son capital, plus la différence entre les 100 quarters de rendement et les 90, 80 ou 70 quarters du rendement des sols de puissance inférieure auxquels la nécessité a forcé